Publié le 28 juin 2023
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Le droit de passage et la servitude sont des notions importantes à connaître pour tout propriétaire immobilier. En effet, ces concepts peuvent avoir un impact sur la jouissance de votre bien et sur sa valeur. Que vous soyez propriétaire d'une maison ou d'un terrain, vous devez vous sensibiliser à ces questions pour réussir à prévenir d'éventuels conflits ou désagréments.
Le droit de passage est une autorisation accordée à une personne, généralement le propriétaire d'un terrain enclavé, pour traverser la propriété d'autrui afin d'accéder à son bien. Ce droit peut être temporaire ou permanent et peut concerner un chemin, une route ou une allée.
La servitude est une charge imposée sur un bien immobilier (appelé fonds servant) au profit d'un autre bien (fonds dominant), appartenant à des propriétaires différents. Les servitudes peuvent être légales ou conventionnelles et peuvent concerner diverses situations, telles que le passage de câbles, les canalisations, ou l'écoulement des eaux. La servitude    d'inondation, par exemple, est une restriction légale imposée aux propriétaires fonciers pour limiter l'utilisation et l'aménagement de terrains situés dans des zones inondables, afin de protéger les ressources naturelles et prévenir les risques liés aux crues
Un terrain est considéré comme enclavé s’il n'a pas d'accès immédiat à la voie publique ou à un chemin privé. Une parcelle enclavée, quant à elle, est une division d'un terrain enclavé. Dans ce cas, le propriétaire du terrain enclavé peut bénéficier d'un droit de passage sur le terrain voisin pour accéder à son bien.
Les servitudes légales sont imposées par la loi pour répondre à des besoins d'intérêt général, comme l'urbanisme, l'environnement ou la sécurité. Elles sont définies par le Code civil qui prévoit plusieurs types de servitudes légales, notamment le droit de passage pour les terrains enclavés ( article 682) et les servitudes d'écoulement des eaux ( article 640). Mais aussi par les règlements d'urbanisme locaux, liés à l'aménagement du territoire et peuvent concerner, par exemple, la protection des monuments historiques, des zones naturelles, ou la limitation des constructions. 

Les servitudes conventionnelles sont créées par un accord entre les propriétaires concernés, généralement sous la forme d'un acte notarié. Elles sont souvent liées à des situations spécifiques de voisinage, comme le passage de câbles électriques, l'entretien d'un mur mitoyen ou l'utilisation d'une piscine commune, et peuvent impacter la valeur d'une maison ou d'un bien immobilier. Il faut donc bien les identifier et de les prendre en compte lors de l'achat ou la vente d'un bien.

Le recours à un notaire est essentiel pour rédiger et enregistrer une servitude conventionnelle. Ce professionnel pourra vous conseiller sur le type de contrat adapté à votre situation et vous accompagner dans les démarches administratives.

Le droit de passage implique certaines obligations pour les propriétaires concernés, notamment concernant la largeur et l'entretien des voies de passage.
La largeur d'un droit de passage doit être suffisante pour permettre un accès pratique et sécurisé au terrain enclavé. Le Code civil ne fixe pas de largeur minimale ou maximale, mais la jurisprudence estime généralement qu'une largeur de 2,5 à 4 mètres est raisonnable pour un chemin piétonnier ou carrossable. Cependant, la largeur peut varier en fonction des circonstances locales et des besoins spécifiques des propriétaires. 

Les propriétaires concernés par un droit de passage ont la responsabilité d'entretenir les voies de passage pour garantir un accès sûr et praticable. Cela peut inclure des travaux de réparation, de déneigement ou de débroussaillage.

En ce qui concerne le propriétaire du terrain enclavé (fonds dominant) est responsable de l'entretien de la voie de passage, tandis que le propriétaire du terrain traversé (fonds servant) doit tolérer cet entretien. Toutefois, les parties peuvent convenir d'une répartition différente des responsabilités dans le cadre d'une servitude conventionnelle.

La jurisprudence joue un rôle important dans l'interprétation et l'application des règles relatives au droit de passage et aux servitudes.
La servitude passive concerne le fonds servant, c'est-à-dire le terrain sur lequel repose la charge de la servitude. Par exemple, un propriétaire doit tolérer le passage d'une canalisation d'eau sur son terrain au profit du voisin. La jurisprudence établit que le propriétaire du fonds servant ne peut pas entraver l'exercice de la servitude et doit respecter les droits du fonds dominant.
Une servitude discontinue est une servitude qui n'est pas exercée en permanence, par exemple, un droit de passage saisonnier pour l'accès à un champ. La jurisprudence reconnaît ce type de servitude et impose aux propriétaires concernés de respecter les conditions et les périodes d'exercice convenues.
Dans certains cas, un terrain enclavé peut ne pas bénéficier d'un droit de passage légal. La jurisprudence admet que le propriétaire du terrain enclavé peut demander une indemnisation au propriétaire du terrain voisin refusant l'accès. Cette indemnisation peut prendre la forme d'une compensation financière ou d'une cession de terrain pour créer un accès.

Le droit de passage et la servitude sont deux concepts juridiques liés à la propriété immobilière. Bien qu'ils aient des points communs, il faut connaître leurs différences pour comprendre leurs implications. 

Les points communs entre le droit de passage et la servitude sont les suivants 

  • ils concernent tous deux l'utilisation d'un bien immobilier par un tiers 
  • ils ont pour objectif de garantir un accès ou une utilisation spécifique d'un bien 
  • ils sont régis par le Code civil 

Cependant, il existe des différences notables entre ces deux notions 

  • la servitude est liée au bien lui-même et non à son propriétaire, alors que le droit de passage est accordé à une personne en particulier 
  • le droit de passage ne se transmet pas automatiquement lors de la vente du bien, tandis que la servitude est transmise lors de la vente ou de la succession 
  • la servitude peut être perpétuelle ou temporaire, tandis que le droit de passage est généralement accordé pour une durée déterminée 

La présence d'une servitude peut affecter la valeur d'un bien immobilier. En effet, elle peut limiter son utilisation et son aménagement. De plus, le propriétaire du bien grevé d'une servitude doit respecter les obligations qui en découlent, comme l'entretien de la zone concernée ou le respect des conditions d'utilisation fixées par la servitude.

Le propriétaire accordant un droit de passage doit veiller à ce que l'accès soit maintenu pour la personne bénéficiaire. Cependant, le droit de passage n'affecte généralement pas la valeur du bien, car il est temporaire et lié à une personne spécifique. Il est faut de formaliser les conditions du droit de passage par écrit pour éviter les litiges et les confusions.

Il est essentiel de se prévenir et de se sensibiliser face aux situations pouvant découler d'un droit de passage ou d'une servitude.

Oui, il est possible d'annuler une servitude, mais cela dépend des circonstances. Une servitude conventionnelle peut être supprimée par un accord entre les parties concernées, généralement formalisé par un acte notarié. Une servitude légale peut également être annulée si les conditions qui l'ont justifiée disparaissent, ou si le fonds dominant et le fonds servant appartiennent désormais au même propriétaire.
En général, un propriétaire ne peut pas refuser un droit de passage légal sur son terrain si cela entraîne un enclavement pour le terrain voisin. Toutefois, il est possible de négocier les conditions du droit de passage, comme la largeur, l'emplacement et les modalités d'entretien.
Le non-respect d'une servitude peut entraîner des sanctions, telles que des dommages et intérêts pour le préjudice subi par le propriétaire du fonds dominant, voire une action en justice pour faire respecter la servitude. 
Pour savoir si votre terrain est soumis à une servitude ou à un droit de passage, vous pouvez consulter le service de publicité foncière, demander l'aide d'un notaire ou vérifier les documents relatifs à la propriété, tels que l'acte de vente ou le permis de construire. Il est essentiel de connaître les servitudes et droits de passage qui pèsent sur votre bien pour éviter les surprises et les conflits.