Révision du loyer pour un logement : ce que vous devez savoir 

Publié le 26 mars 2024
Temps de lecture : 5 minutes
Dans le secteur privé, la révision du loyer constitue une procédure courante mais souvent source de questionnements tant pour les locataires que pour les propriétaires. La législation française prévoit la possibilité pour le propriétaire d'ajuster annuellement le montant du loyer de son logement en location dans le secteur privé, sous certaines conditions et dans le respect de cadres législatifs bien définis.  

La révision annuelle du loyer est un mécanisme légal qui permet au propriétaire d'un logement du secteur privé meublé ou non d'ajuster le montant du loyer une fois par an. L'objectif de cette révision est de faire évoluer le loyer en fonction des variations économiques, assurant ainsi une équité entre le locataire et le propriétaire

Pour qu'une révision du loyer puisse avoir lieu, le bail de location doit inclure une clause de révision annuelle. Cette clause détermine la manière dont le loyer peut être révisé, en se basant généralement sur l'Indice de Référence des Loyers ou IRL publié par l'Institut National de la Statistique et des Études Économiques (INSEE). La révision du loyer ne peut intervenir qu'une seule fois par an lors de la date anniversaire du bail, ou à une date convenue entre les parties si elle est spécifiée dans le bail. Le propriétaire doit avertir le locataire de la révision et de son nouveau montant par écrit, et respecter la formule de calcul basée sur l'IRL. 

L'IRL est l'indice qui sert de base au calcul de la révision annuelle du loyer. Il reflète l'évolution des prix à la consommation, hors tabac et hors loyers. L'INSEE publie cet indice chaque trimestre, offrant ainsi une référence pour l'ajustement des loyers. La formule de calcul pour la révision du loyer est la suivante : 

Nouveau loyer = Loyer actuel × Dernier IRL publié / IRL du même trimestre de l'année précédent 

Avec l'adoption de la loi n°2022-1158 du 16 août 2022 sur le pouvoir d'achat, un nouveau cadre réglementaire a été mis en place pour plafonner la révision des loyers dans le secteur privé. Cette mesure vise à limiter les hausses excessives de loyer, en particulier dans un contexte économique où l'inflation pourrait entraîner des augmentations disproportionnées. 

Selon la loi n°2022-1158 du 16 août 2022, les révisions de loyer effectuées avec l'Indice de Référence des Loyers (IRL) faites à partir d'octobre 2022 et jusqu'en avril 2024, ne peuvent excéder le pourcentage fixé par décret. Ce plafonnement est déterminé à  

  • 3,5 % en métropole 
  • entre 2 % et 3,5 % en Corse, selon les spécificités locales 
  • 2,5 % dans les départements et territoires d'Outre-mer 
En marge de la clause indiquant la hausse annuelle apposée au contrat de bail locatif privé, il existe certaines situations où le loyer peut être également ajusté. Ces exceptions sont encadrées par la loi n° 2022-1158 du 16 août 2022 pour éviter les abus et garantir l'équité entre le locataire et le propriétaire. 

Une exception notable concerne la situation où le loyer est manifestement sous-évalué par rapport aux prix du marché local pour des logements comparables. Dans ce cas, le propriétaire peut engager une procédure de réévaluation du loyer. Cette démarche est soumise à un processus : 

  • comparaison avec des logements similaires : le propriétaire doit fournir des exemples de loyers pour des logements comparables dans le même secteur géographique pour justifier la demande d'augmentation 
  • accord du locataire : le locataire doit donner son accord pour que la révision puisse être appliquée. En cas de désaccord, le propriétaire peut saisir la commission de conciliation ou, à défaut d'accord, porter l'affaire devant le tribunal 
  • respect des plafonds légaux : toute augmentation doit respecter les limites imposées par la loi, notamment en termes de plafonnement annuel, pour éviter les hausses abusives 

Une autre situation concerne les travaux d'amélioration réalisés par le propriétaire. Si ces travaux apportent une plus-value significative au logement, le propriétaire peut demander une augmentation du loyer. Cette majoration doit cependant être justifiée par la nature des travaux et acceptée par le locataire, ou à défaut, validée par une décision de justice. 

Voici quelques exemples de travaux justifiant une majoration du loyer

  • installation d'une cuisine équipée moderne 
  • mise en place de double vitrage pour une meilleure isolation 
  • ajout d'un système de chauffage plus performant 
  • installation d'équipements visant à sécuriser l'accès au logement (digicode, interphone, etc.) 
La révision du loyer, qu'elle soit annuelle ou exceptionnelle comme par exemple faisant suite à des travaux d'amélioration, doit suivre une procédure encadrée par la loi. 

La première étape dans la procédure de révision du loyer est la notification au locataire. Cette notification doit être faite par écrit et peut prendre la forme d'une lettre envoyée par courrier recommandé avec accusé de réception ou de tout autre moyen convenu entre les parties dans le bail. 

La notification doit inclure  

  • la mention de la clause de révision du bail (pour une révision annuelle) ou la description des travaux d'amélioration réalisés (pour une majoration exceptionnelle) 
  • le calcul détaillé du nouveau loyer proposé, en se basant sur l'IRL pour une révision annuelle ou sur le coût des travaux pour une majoration exceptionnelle 
  • la date d'effet de la nouvelle valeur du loyer  

Si le locataire conteste la révision proposée, il est conseillé de tenter d'abord une résolution amiable. Les parties peuvent faire appel à une commission de conciliation pour les aider à trouver un accord. Si la conciliation échoue, le litige peut être porté devant le tribunal. 

Notez que votre contrat d' assurance habitation peut comprendre une protection juridique. Il existe également des assurances en protection juridique. Rapprochez-vous de votre conseiller pour plus d'informations. 

Attention : pendant la période de contestation, le locataire doit continuer de payer le loyer au montant précédent jusqu'à ce qu'une décision soit prise. 

Pour une majoration exceptionnelle du loyer suite à des travaux, l'accord du locataire est indispensable

En cas de révision annuelle basée sur l'IRL, l'accord du locataire n'est pas nécessaire si la clause de révision est bien stipulée dans le bail et que la hausse respecte les conditions légales. Une communication claire et transparente est toujours recommandée. 

Pour appuyer une demande de révision, le propriétaire doit être en mesure de fournir tous les justificatifs nécessaires, tels que : 

  • le bail de location mentionnant la clause de révision pour une augmentation annuelle 
  • les factures et devis relatifs aux travaux d'amélioration pour une majoration exceptionnelle 
  • le calcul du nouveau loyer basé sur l'IRL publié par l'INSEE 
Oui, un propriétaire a le droit d’augmenter le loyer, mais cette augmentation doit respecter les conditions fixées par la loi et le contrat de location. Elle ne peut se faire qu’une fois par an et doit être basée sur l’Indice de Référence des Loyers (IRL) ou d’autres critères légaux. 
Si un locataire estime que l’augmentation du loyer n’est pas justifiée ou dépasse les limites légales, il peut d’abord tenter de négocier avec le propriétaire. En cas de désaccord persistant, le locataire peut saisir une commission de conciliation ou, en dernier recours, porter l’affaire devant le tribunal compétent. 
Un propriétaire qui augmente le loyer sans suivre les procédures légales s'expose à plusieurs risques. Le locataire peut refuser de payer l'augmentation contestée et porter l'affaire en justice. Si le tribunal trouve que l'augmentation a été appliquée de manière illégale, le propriétaire peut être contraint de rembourser les montants perçus indûment et de payer des dommages-intérêts au locataire.