Publié le 4 décembre 2023
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L'immobilier, un domaine complexe et en constante évolution, regorge de termes et de concepts qui peuvent parfois sembler obscurs. Parmi eux, le "droit de préemption" occupe une place de choix, influençant de manière significative les transactions immobilières. Mais qu'est-ce que le droit de préemption exactement ? 
Le Droit de Préemption Urbain ou DPU est un pouvoir accordé principalement aux collectivités locales, comme les mairies, leur permettant d'acquérir en priorité des biens immobiliers situés dans des zones définies. L'objectif ? Réaliser des projets d'aménagement urbain, comme la création de logements sociaux, de parcs, d'écoles ou encore de routes.
Lorsqu'un propriétaire souhaite vendre un bien situé dans une zone de DPU, il doit d'abord en informer la collectivité. Celle-ci a alors un délai défini pour décider si elle souhaite acheter le bien ou non. Si la collectivité décide de préempter, elle se substitue à l'acheteur initial. Si elle renonce, la vente peut se poursuivre normalement. 
Les zones de DPU sont définies par les collectivités en fonction de leurs projets et de leurs besoins. Elles peuvent varier d'une ville à l'autre et même d'un quartier à l'autre.
Principalement, ce sont les biens immobiliers : maisons, appartements, terrains. Mais cela peut aussi concerner des fonds de commerce, surtout dans les zones où l'on souhaite préserver l'activité commerciale locale.
Le droit de préemption renforcé est une version étendue du droit de préemption urbain. Il donne aux collectivités locales un pouvoir encore plus grand pour acquérir des biens immobiliers. Alors que le droit de préemption classique s'applique généralement à des terrains ou des bâtiments, le droit de préemption renforcé peut s'étendre à des biens plus spécifiques, comme des fonds de commerce ou des baux commerciaux
Ce droit de préemption est souvent mis en œuvre dans des zones où les enjeux d'aménagement urbain sont particulièrement importants. Par exemple, dans des quartiers en pleine restructuration, des zones commerciales stratégiques ou des secteurs où la préservation du patrimoine est essentielle. L'idée est de donner aux collectivités les moyens d'agir rapidement et efficacement pour le bien de la communauté. 
Le Droit de Préemption Renforcé sert aux collectivités qui souhaitent avoir un contrôle plus direct sur le développement de leur territoire. Il leur permet de protéger des zones commerciales vitales, de préserver des bâtiments historiques ou encore de favoriser la diversité des commerces dans certaines rues. En somme, il aide à façonner des villes plus dynamiques, diversifiées et adaptées aux besoins de leurs habitants.
Les mairies et les collectivités locales sont les principaux acteurs du droit de préemption. Elles l'utilisent pour acquérir des terrains ou des bâtiments nécessaires à la réalisation de projets d'intérêt général, comme la construction d'écoles, de parcs ou de logements sociaux. Leur objectif ? Assurer le bien-être et le développement harmonieux de leur communauté.
L'État, à travers ses différents établissements publics, peut également préempter des biens pour des motifs d'intérêt général. Cela peut servir à des projets d'infrastructure d'envergure, comme la construction de routes ou de voies ferrées. L'idée est de faciliter la réalisation de projets nationaux importants pour le bien commun.

Dans certains cas, les locataires ont aussi un droit de préemption: il s'agit du droit de préemption locataire. Si le propriétaire de l'appartement qu'ils louent décide de vendre, les locataires peuvent avoir la priorité pour l'acheter. Cela leur offre une opportunité de devenir propriétaires du lieu qu'ils habitent depuis parfois de nombreuses années.  

Bon à savoir : si vous êtes locataire et que vous décidez d’acquérir votre logement, pensez à en informer votre assureur pour mettre à jour votre contrat d’ assurance habitation

Des organismes comme les Établissements Publics Fonciers (EPF), les Sociétés d'Aménagement Foncier et d'Établissement Rural (SAFER), ou encore les organismes HLM, peuvent aussi exercer ce droit. Leur but ? Répondre à des besoins spécifiques comme la préservation de l'espace rural ou la création de logements abordables.
Tout commence lorsque le propriétaire d'un bien soumis au droit de préemption décide de le vendre. Avant de pouvoir le faire, il doit envoyer une Déclaration d'Intention d'Aliéner (DIA) à la collectivité concernée. Cette déclaration doit inclure des informations clés sur la vente, comme le prix et les conditions.
Une fois la DIA reçue, la collectivité dispose d'un délai légal pour répondre. Ce délai varie selon le type de bien et la législation en vigueur, mais il est généralement de deux mois. Durant cette période, la collectivité doit décider si elle souhaite préempter le bien ou non. Si elle choisit de préempter, elle doit notifier sa décision au propriétaire et à l'acheteur initial.
Si la collectivité décide de ne pas exercer son droit de préemption, ou si elle ne répond pas dans le délai imparti, le propriétaire est libre de vendre son bien à l'acheteur de son choix. C'est ce qu'on appelle la "purge" du droit de préemption.
Si le propriétaire ou l'acheteur initial conteste la décision de préemption, ils disposent de recours légaux. Ils peuvent, par exemple, contester le prix proposé ou les conditions de la vente.
La purge du droit de préemption intervient lorsque la collectivité décide de ne pas exercer son droit de préemption ou ne répond pas dans le délai imparti après avoir reçu la Déclaration d'Intention d'Aliéner (DIA). En d'autres termes, c'est le moment où la collectivité "renonce" à son droit d'acheter le bien en question. Il est important de noter que la collectivité doit notifier officiellement sa décision de purger le droit de préemption. Cette notification est essentielle car elle marque la fin officielle du processus de préemption et donne le feu vert pour la vente.
Il y a plusieurs raisons pour lesquelles une collectivité peut choisir de ne pas préempter un bien. Peut-être que le bien ne correspond pas à ses besoins actuels, ou que les fonds nécessaires à l'achat ne sont pas disponibles. Parfois, la collectivité peut estimer que l'achat du bien n'apporte pas une valeur ajoutée significative à ses projets d'aménagement.
Une fois le droit de préemption purgé, le propriétaire retrouve sa liberté de vendre son bien à l'acheteur de son choix. Cela signifie qu'il peut poursuivre la transaction initialement prévue avec l'acheteur initial ou chercher d'autres acheteurs potentiels.
Pour l'acheteur initial, la purge du droit de préemption est souvent une bonne nouvelle. Cela signifie que l'obstacle potentiel représenté par l'intervention de la collectivité est levé, et que l' achat du bien immobilier peut se dérouler comme prévu. 
Pour savoir si votre bien est soumis au droit de préemption, vous devez d'abord vérifier si celui-ci se trouve dans une zone de préemption définie par la collectivité locale. Ces zones sont généralement indiquées dans le Plan Local d'Urbanisme (PLU) ou le Plan d'Occupation des Sols (POS). Vous pouvez également vous renseigner directement auprès de la mairie ou de la préfecture de votre région pour obtenir des informations précises sur les zones de préemption en vigueur.
Le droit de préemption n'est pas obligatoire pour les collectivités. C'est un droit dont elles peuvent choisir de se prévaloir ou non, en fonction de leurs besoins et de leurs projets d'aménagement. Lorsqu'un bien est mis en vente dans une zone de préemption, la collectivité a la possibilité, mais pas l'obligation, de l'acquérir en priorité.
Le droit de préemption ne s'applique pas dans plusieurs cas. Par exemple, il ne s'applique pas si le bien est vendu à un membre de la famille proche du vendeur (ascendants, descendants, conjoint). De même, il ne s'applique pas si le bien est vendu à un locataire qui occupe le logement depuis au moins deux ans. Il existe d'autres exceptions, comme la vente de biens à des organismes d'intérêt général, qui sont également exemptées du droit de préemption.
Le délai de droit de préemption varie en fonction du type de bien et de la législation en vigueur. Généralement, pour les biens immobiliers, la collectivité dispose d'un délai de deux mois à compter de la réception de la Déclaration d'Intention d'Aliéner (DIA) pour faire connaître sa décision. Si la collectivité ne répond pas dans ce délai, elle est considérée comme ayant renoncé à son droit de préemption, et le propriétaire est libre de vendre son bien à l'acheteur de son choix.